Article publié par Eloïne Deleplanque, Consultante Senior chez Keyrus Management & Lorraine Swiatek, Consultante chez Keyrus Management Pour en savoir + sur Keyrus Management, rendez-vous sur ce lien.
Nous sommes le 8 février 2019, Greta Thunberg a 16 ans. En 2079, elle en aura 76. Ce jour sera-t-il un jour de fête ? Probablement. Quoique, ses enfants ou petits-enfants pourront-ils seulement lui souhaiter un joyeux anniversaire sans envier son âge, sans ressentir une indicible rancune pour sa génération et les générations qui l’ont précédées ?
Fouler notre terre, avaler de l’air pur, s’abreuver d’eau limpide, s’enivrer d’un fruit mûr ; chacun de ces gestes nous semble anodin aujourd’hui mais seront une chance pour ses enfants et petits-enfants. Une chance qui leur sera prise si nous ne changeons pas aujourd’hui.
L’été dernier, Greta Thunberg a décidé de faire « la grève de l’école pour le climat ». Son discours à la conférence de Katowice de 2018 sur les changements climatiques de l’ONU a été acclamé et le Time magazine l’a désignée parmi les 25 adolescents les plus influents de la planète.
Les mots sont importants mais seuls les actes comptent. Il y a 26 ans, en 1992, Servern Cullis-Suzuki avait fait un discours similaire au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, mais qu’avons-nous fait depuis ?
A cette question, il serait injuste de dire que nous n’avons rien fait. Des actions politiques, citoyennes ou encore médiatiques sont menées partout dans le monde.
En juillet 2000, Kofi Annan lance le Pacte Mondial des Nations Unies (Global Impact) dans lequel associations, organisations non-gouvernementales ou encore entreprises sont invitées à respecter 10 principes touchant aux droits de l’Homme, aux conditions de travail, à l’environnement et à la lutte contre la corruption. En 2018, presque 10 000 entreprises, dont Keyrus, sont adhérentes.
Sur papier, les choses semblent bouger mais dans les faits, les réticences perdurent. Le 6 février dernier, les sénateurs ont rejeté les avancées RSE de la loi Pacte sur la raison d’être et l’objet social des entreprises qui, à travers la modification du code civil, aurait ouvert la voie aux « entreprises à mission ». Une des principales raisons avancées : un « frein à la compétitivité ». Pour Valérie Boyer, la solution est de laisser les entreprises faire de leur politique RSE « un outil de différenciation ».
Comme une ritournelle, les mots sont importants mais seuls les actes comptent. Si seuls de long laïus peuvent être attendus au niveau politique, une émulation émerge sur le marché du travail.
On ne compte plus le nombre de projets ESS lancés chaque année ni même chaque mois. Les règles de la « compétitivité » sont en train de changer. Comme le résume la slasheuse Inès Leonarduzzi d’après la pensé de l’américain Simon Sinek : progressivement « les gens n’achètent plus ce qu’on fait, ils achètent pourquoi on le fait ». Autrement dit, la demande des consommateurs est en train d’évoluer vers une consommation responsable. De fait, les entreprises ont tout intérêt à adapter leur offre à cette nouvelle demande.
Ines Leonarduzzi a présenté l’ONG Digital For The Planet, fondée en 2017, lors des Sommets du Digital début février 2019. Selon une étude menée avec le cabinet Occurrence, 77% des français n’ont pas connaissance de ce qu’est la pollution numérique alors qu’il est responsable de plus de 16% de la production électrique mondiale.
Elle explique qu’il « ne s’agit pas nécessairement de faire moins mais de faire mieux ». Digital For The Planet diffuse les bonnes pratiques digitales en entreprise.
Ailleurs, sur la toile, on peut lire un gros titre : « Tom Szaky, l’homme qui a converti 25 multinationales au zéro dechet ». Fondateur de Terracycle, il vient de présenter la plateforme Loop sur laquelle 25 multinationales proposeront des produits de grande consommation dans un emballage durable et recyclable. Son objectif ? modeler « un futur où le déchet n’existera plus ». Rien que ça !
Salomé et Pierre Géraud s’adressent directement aux consommateurs avec Le drive tout nu. Il s’agit du premier magasin physique zéro-déchet de France. Tous les produits sont consignés, le recyclage n’a plus lieu d’être, l’emballage est réutilisable !
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La demande de produits respectueux de l’environnement et des générations futures explose. Que ce soit par conscience philanthropique ou seulement pour sauver leurs propres enfants, les citoyens doivent changer de mode de vie et de consommation. Que ce soit pour rester compétitives ou pour contribuer à ce changement de paradigme économique, les entreprises doivent changer de modèle. C’est indéniable, cette grande transition est en route. Une question reste cependant en suspens : cette transition sera-t-elle assez rapide ?