Soumia MALINBAUM, Vice-Présidente Business Development | Keyrus Godefroy DE BENTZMANN, Président | Syntec Numérique
La Loi sur la réforme de la formation professionnelle « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » est entrée en vigueur le 5 septembre 2018.
L’ambition affichée du Gouvernement est double : . Donner de nouveaux droits aux personnes pour leur permettre de choisir leur vie professionnelle tout au long de leur carrière. Il s’agit de développer et de faciliter l’accès à la formation, autour des initiatives et des besoins des personnes, dans un souci d’équité, de liberté professionnelle, dans un cadre organisé collectivement et soutenable financièrement. . Renforcer l’investissement des entreprises dans les compétences de leurs salariés, par une simplification institutionnelle et réglementaire forte et le développement du dialogue social et économique.
Cette loi entend donc poursuivre la dynamique de transformation du marché du travail, en organisant notamment une rénovation en profondeur du système de formation professionnelle et d’apprentissage. La transformation numérique des activités touche aujourd’hui l’ensemble de l’économie. Comme les administrations, les entreprises de tous les secteurs d’activité (Banque, Assurance, Santé, etc.) vont devoir intégrer au sein de leurs équipes des compétences numériques, en complément des compétences métiers déjà présentes.
Les entreprises du secteur numérique (entreprises de services numériques, éditeurs de logiciels et entreprises de conseil en technologies), en tant que prestataires de services, se doivent d’être à la pointe des évolutions technologiques, des modes d’organisation innovants. Elles-mêmes sont également confrontées à une évolution rapide des compétences et à l’émergence de nouveaux métiers (autour de l’intelligence artificielle par exemple) dans un environnement de travail en mouvement constant et avec des nouveaux outils en évolution permanente.
Alors même que le numérique est un vecteur d’innovation dans la plupart des activités de l’économie, et qu’il est créateur d’emploi pour la 8e année consécutive, le secteur numérique fait face aujourd’hui à des difficultés de recrutement limitant ses perspectives de croissance, affectant au-delà celles de l’ensemble de l’économie.
Chiffres clés du secteur numérique Le secteur numérique représente : . 474 000 salariés en 2017 . 28 000 entreprises au 1er janvier 2019 . 56,3 Md€ de chiffre d’affaires en 2018 La croissance des effectifs s’accélère : . + 3,2% entre 2012 et 2016 . + 6,3% entre 2016 et 2017
ÉTAT DES LIEUX DES ACTIONS DÉJÀ ENGAGÉES
Le dynamisme économique des acteurs du numérique demande d’attirer davantage de compétences adaptées aux métiers de demain. Renforcer l’attractivité des métiers du numérique et répondre aux besoins de recrutement des entreprises du secteur sont les principaux axes de travail de la commission formation que Soumia Malinbaum préside au Syntec Numérique. En janvier 2014, Syntec Numérique a publié 10 propositions pour former à toutes les étapes de la vie (formation initiale et continue). Ces propositions, du Cahier Éducation et Formation publié en janvier 2017, correspondent à une deuxième phase du plan national de formation.
La formation tout au long de la vie suppose de déployer, au plus près des besoins, des actions adaptées aux différents publics. Pour cela, Syntec Numérique s’est investi dans différents chantiers afin de répondre au besoin de compétences en numérique de tous les secteurs : . à destination des jeunes avec un kit pédagogique pour les stages de 3ème, le programme Day-Click et Talents du Numérique ; . à destination des femmes avec le Programme Femmes du Numérique et la Fondation Femmes@numérique ; . à destination des demandeurs d’emploi avec la Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) individuelle et collective ; . à destination des publics de « bas niveau de qualification » avec la Grande École du Numérique et le Plan 10 000 formations au numérique ; . à destination des salariés avec le suivi et la participation aux différents travaux relatifs à la réforme de la formation professionnelle.
À destination des jeunes
Le Kit pédagogique #LienNumérique permet de présenter de façon ludique les métiers du numérique. Il propose des outils d’accompagnement (quiz, vidéos, tests) pour en faciliter l’utilisation par les enseignants en classe, au collège comme au lycée, ou par des professionnels à l’occasion de forums et/ou de salons.
En 2018, 57 conférences auprès de collégiens, lycéens et étudiants ont été organisées dans différentes régions pour présenter les métiers du numérique grâce au Kit, ce qui représente plus de 1 200 jeunes. La plate-forme de mise en relation « Mon Stage de 3e numérique » a été créée par Syntec Numérique et le Fafiec – pour les entreprises comme pour les collégiens et les prescripteurs (enseignants, parents…) – afin de permettre l’accueil de jeunes de 3ème dans les entreprises numériques dans le cadre de leur stage d’observation. L’action est tournée vers les jeunes entrés en 3ème en septembre 2018.
Après les succès des 3 éditions de son salon, le Day-Click est devenu un programme pour faire découvrir au plus grand nombre un secteur en pleine croissance, ses métiers variés, ses start-ups et entreprises, mais aussi rappeler les 4 grands défis majeurs que soulève le numérique : la formation, la féminisation, la transformation, la reconversion professionnelle.
Talents du numérique réunit et fait dialoguer entre eux 85 établissements de formation au numérique et près de 3 000 entreprises du secteur, petites, moyennes entreprises et grands groupes, membres des syndicats professionnels Syntec Numérique, Cinov-IT et Cigref. L’objectif est d’informer sur les formations et métiers d’avenir du numérique dont les besoins en recrutement et les perspectives d’évolution et de développement sont forts, de réfléchir aux évolutions du secteur, au développement de nouvelles pratiques et technologies, à leur impact sur les formations et métiers et de préconiser des solutions, des actions…
À destination des femmes
Créé en juillet 2011, le programme Femmes du Numérique vise à représenter et animer le réseau des femmes dans le secteur du numérique, faire connaître et promouvoir les métiers du numérique, encourager et favoriser les carrières féminines dans le numérique et aider les femmes dans ces métiers en coopération avec les adhérents du Syntec Numérique.
Syntec Numérique est désormais associé à Social Builder pour engager ses actions, comme le Manifeste pour la reconversion des femmes dans les métiers du numérique. De même, en 2018, Syntec Numérique s’est notamment associé à l’AFMD, la CGE, le Cigref, Talents du Numérique et Social Builder, pour créer la Fondation Femmes@Numérique, aujourd’hui soutenue par le Gouvernement, 42 entreprises dont Keyrus et 45 associations, visant à promouvoir la place des femmes dans le secteur numérique.
Cette démarche a pour ambition de fournir une dimension nationale aux nombreuses actions déjà menées sur le sujet, afin de pouvoir sensibiliser massivement le grand public, les organisations publiques et privées, les pouvoirs publics, les acteurs de la formation et de l’enseignement. Il s’agit également de rendre plus visible et de valoriser les femmes aux métiers du numérique en favorisant la mixité, sensibilisant les filles, et en attirant les femmes en reconversion.
À destination des demandeurs d’emploi
La Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) est un dispositif permettant de former un demandeur d’emploi avant son embauche. Il existe deux types de POE : . La Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective (POEC) est une action de formation qui permet à plusieurs demandeurs d’emploi inscrits de bénéficier d’une formation nécessaire à l’acquisition des compétences requises pour occuper des emplois correspondant à des besoins identifiés par une branche professionnelle. . La Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI) est un dispositif permettant de former un collaborateur avant son embauche afin qu'il soit parfaitement opérationnel au moment de son arrivée dans l'entreprise.
Les POE (Collective et Individuelle) concernent tous les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, indemnisés ou non, et tout employeur ayant des besoins en termes de compétences. Dans la branche, en 2018, cela représente 5 651 grâce à la POEI et 1 974 grâce à la POEC.
À destination des publics de « bas niveau de qualification »
Lancée en 2015 par le Gouvernement, la Grande École du Numérique est un réseau de plus de 400 formations aux métiers du numérique. Elle favorise l’inclusion et répond aux besoins des recruteurs en compétences numériques. La Grande École du Numérique forme les nouveaux talents du num érique pour répondre aux besoins en compétences des recruteurs. Afin d’accompagner la transition numérique de l’économie, elle élargit son réseau de formations et a lancé en 2018 un nouvel appel à projets.
Le Groupement d'intérêt public (GIP), dont Syntec Numérique est l’un des membres fondateurs, a aujourd’hui 750 formations labellisées sur le territoire français. Dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC), le Plan 10 000 formations aux métiers du numérique (#Plan10KNum) est mis en place, pour donner l’opportunité à des jeunes et des demandeurs d’emploi peu qualifiés de se former au numérique. Ce programme privilégie 80% de personnes ne disposant pas du baccalauréat.
Syntec Numérique s’est engagé sur 5 ans, au nom de ses entreprises adhérentes, à recruter 3 000 à 3 500 demandeurs d’emploi de niveau infra-bac après une formation de 800 heures maximum. Les entreprises partenaires se sont engagées à embaucher environ 600 personnes la première année. Les formations ont démarré sur la fin de l’année 2018 et le début de l’année 2019.
À destination des salariés
Syntec Numérique est acteur du dialogue paritaire et, à ce titre, s’est engagé dans les travaux relatifs à la réforme de la formation professionnelle. Syntec Numérique a, depuis plusieurs années, au rythme des réformes successives relatives à l’emploi et à la formation professionnelle, mené différentes actions ayant pour objectifs de : . responsabiliser l’individu dans son parcours de formation tout en renforçant son accompagnement ; . accompagner la professionnalisation des compétences des collaborateurs ; . développer l’accès à l’emploi des demandeurs d’emploi.
La réforme de la formation professionnelle vient renforcer ces convictions, et notamment la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel qui traduit la volonté du Gouvernement de : . donner de nouveaux droits aux personnes pour leur permettre de choisir leur vie professionnelle tout au long de leur carrière. . renforcer l’investissement des entreprises dans les compétences de leurs salariés.
UNE PÉNURIE DE COMPÉTENCES AVÉRÉE
Face à la pénurie des talents1, le recrutement est devenu un enjeu stratégique majeur pour les entreprises.
Cette pénurie est démontrée par l’ensemble des études sur le sujet2 : . Selon la Commission européenne3, la pénurie des collaborateurs dans le numérique en Europe s’élèvera à 756 000 en 2020. Elle estime, en outre, que plus du tiers des employés et près de 45% des citoyens européens sont, dans les faits, « illettrés » en matière de numérique. . Selon France Stratégie et la Dares, de 170 à 212 000 postes (selon les scénarios) seront à pourvoir en 2022 en France.
Ainsi, le nombre de techniciens et d’ingénieurs formés est structurellement insuffisant en France, à tous les niveaux et pour tous les métiers. Il manque 10 000 diplômés par an. La situation est d’autant plus préoccupante qu’un effort important a d’ores et déjà été engagé. Le nombre de diplômés a ainsi crû ces dernières années sans que le secteur ne parvienne pour autant à résorber le déficit structurel et croissant en ce domaine.
UNE INITIATIVE DE SYNTEC NUMÉRIQUE POUR FAIRE FACE À CETTE PÉNURIE
Face à la mutation sans précédent des compétences professionnelles, et alors que tous les métiers se transforment pour intégrer le numérique comme principale dimension, la formation est plus que jamais un sujet central. Première organisation professionnelle des entreprises du secteur, Syntec Numérique a fait de la reconversion une priorité pour répondre au défi de l’adaptation des millions de personnes qui ne disposent pas d’aptitudes nécessaires aux millions d’emplois qui surgissent du nouveau monde numérique. En décloisonnant les besoins en formation des différents secteurs d‘activité et en diversifiant le sourcing des candidats éligibles, ce projet permet de mutualiser les formations numériques adaptées au plus près des bassins d’emploi.
L’objectif consiste à faire migrer les millions de salariés (de tous les secteurs d’activité) qui le souhaitent vers les métiers du numérique, tout en réussissant à adapter l’ensemble des emplois existants aux compétences numériques. Un dispositif qui permettrait le recrutement de 60 000 demandeurs d’emploi et personnes en reconversion.
Ainsi, la formation est devenue un enjeu de responsabilité sociétale, et les entreprises qui maintiendront leur performance sont celles qui sauront apprendre en permanence. L'avenir du travail doit être plus inclusif, et nous avons un rôle clé à jouer pour façonner ensemble cet avenir et pour placer les personnes au cœur de la croissance économique et du progrès social.
1 Les besoins et l'offre de formation aux métiers du numérique – Rapport n° 2015-097 2 Les différentes études mentionnées ne s’appuient pas systématiquement sur le même périmètre. Ces chiffres sont donc des ordres de grandeur et ne peuvent être comparés entre eux de façon stricte. 3 The Digital Skills and Jobs Coalition – European Commission
Soumia MALINBAUM Après avoir créé et dirigé pendant 15 ans Spécimen, une ESN cédée en 2006 au Groupe Keyrus, Soumia intègre ce dernier au poste de DRH. Aujourd’hui, elle est Vice-Présidente Business Development, en charge des grands comptes sur l’ensemble des offres du Groupe et de l’accompagnement de l’engagement RSE. En parallèle, elle siège au Conseil d’administration du Syntec Numérique, dont elle préside la commission « Formation, e-éducation ».
Elle est aussi engagée dans la lutte contre les discriminations et la promotion de toutes les diversités. Soumia est co-fondatrice de l’AFMD, siège au conseil de surveillance du groupe Lagardère et au conseil d’administration de Nexity. Elle est chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur.
Godefroy DE BENTZMANN Diplômé INSEEC 1982, Godefroy, âgé de 60 ans, a débuté sa carrière à Toronto au Canada au sein du Groupe Benett Pump, IBM Paris (1985 à 1990). Il prend ensuite la direction commerciale de DE3I, une Joint-Venture entre IBM et Dassault Electronique (1991-1995). Fin 1995, il crée Devoteam avec son frère Stanislas de Bentzmann. Cofondateur de Devoteam, il est aujourd’hui co-Président du directoire du Groupe. Il a par ailleurs contribué tout au long de sa carrière au déploiement de l’industrie numérique, notamment au sein de Syntec Numérique dont il est le président depuis 2016.
À PROPOS DE SYNTEC NUMERIQUE Syntec Numérique est le premier syndicat professionnel de l'écosystème numérique français. Ses membres sont des ESN (Entreprises de Services du Numérique) des sociétés de conseil en technologies (ICT), des éditeurs de logiciels et des acteurs du Web. Il représente le secteur du numérique avec 28 000 entreprises et 510 000 emplois en France. Syntec Numérique mène toutes les actions qui soutiennent la transformation numérique de l'industrie et des services : défense de la profession, promotion des métiers, mise en valeur du numérique et de ses usages auprès des pouvoirs publics. Depuis 50 ans, Syntec Numérique développe les actions utiles pour soutenir la transformation industrielle par le numérique, la transformation des services et le développement des usages qui concourent à la transformation de la société.