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Article publié par Abigael Belaiche, Business Analyst chez Keyrus Innovation Factory
Aujourd’hui, la crise sanitaire de la COVID-19 a fait naître de nouvelles priorités, en particulier celle d’investir massivement dans le secteur de la santé afin de le transformer et faire face à la crise. L’accélération du Digital Health est donc une réponse adéquate pour répondre aux besoins urgents ainsi que pour anticiper les impacts sur le long terme.
Pour enrayer la crise mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé prévoit une dépense de 100 Milliards de dollars pour de nouveaux outils et en particulier la recherche de vaccin. Selon le cabinet d’étude Statista, le marché mondial du Digital Health devrait atteindre 639,4 milliards de dollars d’ici 2026. Ce marché qui représentait 106 milliards de dollars en 2019, est aujourd’hui exposé à une croissance importante en raison de la crise sanitaire mondiale.
Nous pouvons affirmer que nous sommes face à un changement profond qui a fait naître de nouveaux usages, pour les soignants et les patients. Les acteurs de ce marché doivent réagir et développer leurs produits innovants au plus vite pour répondre au besoin urgent de la planète.
Pour cela, les entreprises du secteur de la santé sont face à un challenge dominant : combattre le virus responsable de la crise mondiale sur le court terme ainsi qu’améliorer la qualité de vie et le bien-être de la population sur le long terme. Les nouvelles technologies avancées, telles que l’IA, le Big Data, le Machine Learning, la robotisation ou les technologies de l’information et la communication sont donc les composantes principales de la solution. Selon les données de StartupCorner, il existe aujourd’hui plus de 75 000 start-ups dans le domaine de la santé dans le monde.
De plus, le Digital Health est l’un des secteurs les plus lucratifs et puissants en termes d’investissement avec 70 milliards de dollars levés en 10 ans. Pour comprendre comment les nouvelles technologies transforment le secteur de la santé, nous allons présenter différentes applications de ces technologies au sein de ce marché.
La première réponse à la COVID-19 dans le milieu médical a été de généraliser la digitalisation du système de santé, en particulier avec la télémédecine. Les gestes barrières étant l’une des solutions à la limitation de la propagation du virus, il a été évident et primordial de développer ces outils à distance. Ainsi, en France, selon les données de la Sécurité sociale, le nombre de téléconsultations remboursées est passé de quelques milliers avant le confinement à près d’un million par semaine en avril 2020.
Dans ce contexte inédit, les start-ups spécialisées en télémédecine ont l’opportunité de développer leur produit et entrer sur ce marché prometteur. Ces entreprises utilisent principalement les technologies de l’information et de la communication, comme la licorne française Doctolib, qui a connu en période de crise, une explosion du nombre de téléconsultations passant de 100 000 à 4,5 millions en 6 mois.
De plus, la start-up parisienne H4D a réalisé une levée de fonds de 15 millions d’euros en juin 2020 afin d’accélérer son implantation territoriale. L’entreprise, fondée en 2008, a développé son produit phare, La Consult Station, le premier cabinet médical connecté de proximité. Ce dernier combine les technologies d’AI, d'automatisation et de la robotique. La cabine est ainsi équipée des instruments de mesure et d'investigation nécessaire à la prise en charge d’un patient et est connectée à des médecins via la plateforme. Cet outil est aujourd’hui approuvé par les collectivités, les centres de la Croix-Rouge ou les grandes entreprises françaises telles que la SNCF, AXA et EDF.
Cette généralisation a également conquis les pays du tiers monde tel que le Cameroun avec sa start-up Healthlane, qui compte 60 000 utilisateurs de son application mobile. En septembre 2020, la compagnie a levé 2,4 millions de dollars afin d’élargir sa base d'utilisateurs et de développer de nouvelles fonctionnalités.
Le premier robot de chirurgie assistée, le Puma 560, apparaît en 1985 afin de placer une aiguille lors d’une biopsie du cerveau. En 1998, le robot Da Vinci, développé par la start-up californienne Intuitive Surgical aujourd’hui cotée à 65 milliards de dollars, a été utilisé pour mener le premier pontage coronarien.
Ce robot, développé entre l’institut de R&D de l’Université de Stanford et le MIT, se compose de quatre bras articulés à 360 degrés. Ce qui ressemblait à de la pure fiction est aujourd’hui une réalité. Aujourd’hui, l’entreprise est présente mondialement avec plus de 4 800 Da Vinci installés dont 144 en France et 25% des hôpitaux américains disposent d’un robot. Quels sont les réels avantages de ce robot ?
Il n’existe pas de données chiffrées au niveau clinique mais plutôt au niveau financier. En effet, la société californienne a démontré un bénéfice économique en divisant par deux le temps d’hospitalisation et une récupération accélérée des patients. Malgré cette économie de frais pour les établissements hospitaliers, le prix de cette technologie, compris entre 800 000 et 2 millions de dollars est un frein majeur au développement de cette technologie.
Ainsi, la start-up chinoise SS Innovations, fondée par le chirurgien cardiaque Dr Srivastava, a développé un système chirurgical robotique modulaire et plus abordable financièrement. L’entreprise a créé un système robotique en complément du logiciel de commande Actin, développé par Energid Technologies. Le but étant de minimiser les coûts en utilisant une technologie existante et y développer des fonctionnalités additionnelles.
Le rapport de Research and Markets prévoit une croissance importante sur le marché mondial de la robotique chirurgicale qui devrait atteindre 12,6 milliards de dollars d’ici 2025 et estime que d’ici 2021, 30% des interventions chirurgicales devraient être réalisées par des systèmes robot-assistés aux Etats-Unis. Le prochain challenge pour le secteur de la robotique chirurgicale sera de généraliser également les opérations à distance.
L’IA est définie par un processus d’apprentissage autonome en se nourrissant de données représentant les tâches humaines. Ainsi, le système peut s’adapter au fur à mesure à l’environnement qui l’entoure : on parle de processus d’apprentissage autonome. Dans le secteur de la santé, l’application de l’IA et ses technologies avancées tel que le Machine Learning, les algorithmes et l’analyse de données, se traduit par la traduction automatique d’ordonnance, de détection de maladies à partir de scanner ou également de diagnostiquer le cas d’un patient.
Ces technologies sont extrêmement puissantes, au point de surpasser les spécialistes. La multinationale américaine IBM est aujourd’hui leader avec sa technologie Watson. Ce programme informatique, basé sur les technologies de la Big Data, l’IA et le Machine Learning, a été développé pour comprendre le langage naturel des humains en explorant des informations contenues dans une base de données non structurée. IBM s’est orienté vers le domaine médical dès 2012 en investissant 4 milliards de dollars pour la création de Watson Health, et en acquérant différentes entreprises médicales.
Cette technologie permet ainsi d’analyser 300 pages de données en une demi-seconde en sept langues pour ensuite développer une expertise en créant des liens entre ces données. La puissance de cet outil a été démontrée en 2015, lorsque Watson a décelé en seulement 10 minutes le bon diagnostic d’une patiente cancéreuse de l'Institut de Sciences Médicales de l'Université de Tokyo alors que l’équipe médicale avait échoué plusieurs fois. Watson peut également analyser des images et est utilisé en radiologie depuis 6 ans dans la recherche d’anomalie imperceptible à l'œil humain.
La start-up indienne, Qure.Ai a également conçu qXR permettant l’analyse basée sur l’IA d’IRM pulmonaire et le diagnostic médical. Fondée en 2016, l’entreprise a levé près de 16 millions de dollars et a également développé qER, un algorithme de tomodensitométrie qui permet l’identification des hémorragies cérébrales et les fractures osseuses. Fort de sa base de données regroupant 2,5 millions d'images, le système détecte en quelques millisecondes jusqu'à 15 anomalies. Ces solutions sont utiles actuellement durant cette crise mondiale. En effet, Qure.Ai a téléchargé en un temps record des scans des premiers pays touchés par l'épidémie pour détecter les symptômes thoraciques le plus tôt possible. La start-up a ainsi pu déployer la version COVID-19 de son outil dans une cinquantaine de sites, y compris des hôpitaux au Royaume-Uni, en Inde, en Italie et au Mexique.
Le développement des technologies au service de la santé est aujourd’hui prioritaire et urgent. Les gouvernements ont également assimilé ce tournant et veulent prendre part à ce changement profond. C’est pourquoi, leurs plans de relance respectifs comprennent un budget conséquent consacré à l’innovation dans la santé. Le plan de relance européen a intégré un budget de près de 10 milliards d’euros pour la R&D pour renforcer la sécurité sanitaire Post COVID-19 tandis que le Cares Act américain prévoit une aide de 150 milliards de dollars pour l’innovation dans le secteur médicale.
À l’heure actuelle, il est difficile d’entrevoir les bienfaits de la crise sanitaire ayant touchée de plein fouet la population mondiale mais nous pouvons affirmer que la technologie médicale est en route pour se généraliser à grande échelle et que ce ne sera que bénéfique pour battre ce virus et anticiper les futurs impacts.